Suite à l'occupation d'Okinawa par les japonais et l'interdiction totale de posséder des armes, les habitants créèrent tout un arsenal d'armes improvisées à partir des outils et des instruments agraires.
Au fil des temps ces arts de défense furent maintenus à Okinawa, tel le feu qui couve sous la cendre, grâce à une pratique secrète, le plus souvent de nuit. A cette époque, les relations de Maître et disciple étaient très intime et l'entraînement très rigoureux se pratiquait d'une manière très réaliste, avec l'idée de vie ou de mort toujours présente. Petit à petit des individualités plus douées que d'autres sortirent de la masse des pratiquants pour devenir à leur tour des Maîtres. Deux de ces Maîtres ont marqué l'histoire du Kobudo, il s'agit de Maître Moden YABIKU et de Maître Shinko MATAYOSHI, ce sont ces derniers qui firent la synthèse et codifièrent l'enseignement du Kobudo, lui permettant, ainsi, de se transmettre, de génération en génération, jusqu'à nos jours.
Le Kobudo est un art à part entière, un tout en soi, un système complet et varié, indépendant du karaté. Il nécessite un travail des bases et la maîtrise de katas spécifiquement créés pour le Kobudo. Voilà pourquoi, il n'est pas exact de considérer la pratique des armes d'Okinawa comme une sorte de prolongement de l'étude du Karaté même si les bases de cet art se retrouvent dans une certaine mesure dans le Kobudo et que de nombreux pratiquant de Karaté à Okinawa pratique également les Kobudo. C'est également la raison pour laquelle il n'est pas exact non plus de travailler les katas du Karaté avec des armes, les katas du Kobudo sont beaucoup plus appropriés. A la différence du Karaté, l'apprentissage du Kobudo peut-être très dangereux. Il exige une parfaite maîtrise du corps ainsi que des armes, qui doivent en devenir une partie inséparable.
L'originalité des Kobudo d'Okinawa réside dans la synthèse qui en a été faite et dans l'état d'esprit qui présidait à leur emploi. Il n'y eut qu'à Okinawa que ces techniques furent développées avec une telle intensité et un tel degré de détails.
Ils sont réellement le reflet à la fois des possibilités physiques et des dispositions mentales de tout un peuple de paysans et de pêcheurs perpétuellement menacé, motivé par une farouche volonté d'indépendance et favorisé par l'habitude de résoudre avec astuce les problèmes posés par une existence difficile.
La traduction littérale du mot Kobudo signifie : art martial ancien ; mais on peut aussi le traduire comme : art du comportement spirituel vis-à-vis du combat.
LESMAÎTRES DU KOBUDO
Maître SHINKO MATAYOSHI
Maître Shinko MATAYOSHI (père de Shinpo), troisième fils de Shinchin (lui-même expert en Kobudo) naquit en 1888 à Nahashi dans le quartier de Kakinohana-cho ; il fut élevé à Chitan-son dans le quartier de Senburu.
Dès son plus jeune âge, il étudia le BO d'Okinawa, l'EKU, le KAMA et le SAI sous la direction des maîtres AGENA CHOKUHO, SHISHI RYOKO, CHINEN YAMANE (Sakugawa) et de son père MATAYOSHI SHINCHIN.
Ensuite à Chatan-son dans le quartier de Nozato, le maître IREI OGI lui enseigna le TONKUWA (TONFA) et le NUNCHAKU.
Au début du siècle, afin d'approfondir ses connaissances en arts martiaux, Shinko effectua un grand voyage qui le fit passer par Hokkaido, Sakkaline, la Mandchourie, Shanghaï, Fukushu et Annan.
En Mandchourie, il suivit le difficile apprentissage du style de karaté SHORINJI.
Toujours en Mandchourie, en compagnie d'un cavalier vivant de brigandage, il apprit l'équitation, le maniement du couteau à lancer et du lasso.
A Shanghaï, le vieux Maître Chinois KINGAI l'initia à l'art du TIMBE, du SURUCHIN et du NUNTI ainsi qu'aux techniques de combat du style de la grue blanche, aux thérapeutiques chinoises et à l'acupuncture.
En 1929, il regagna temporairement le Japon à l'occasion d'une grande cérémonie au temple Shintô organisée en l'honneur de l'Empereur MEIJI, cérémonie au cours de laquelle, Gichin FUNAKOSHI présenta le Karaté et Shinko MATAYOSHI présenta le Kobudo.
En 1921, lors de la visite du Prince SHOWA (futur empereur) à Okinawa, Chojun MIYAGI du style GOJU-RYU et Shinko MATAYOSHI avaient déjà effectué respectivement une démonstration de Karaté et de Kobudo.
En 1935 il rentra définitivement à Okinawa. Il emménagea alors à Naha pour continuer à travailler et pour développer ses activités en relation avec ses homologues en arts martiaux.
Il mourut en 1947 à l'âge de 59 ans.
Maître Shinpo MATAYOSHI
Après la guerre, le Maître Shinpo MATAYOSHI perpétua la tradition familiale en enseignant le Kobudo d'Okinawa dans la ville de Kawasaki dans le département de Kanagawa au Japon.
Rentré à Okinawa en 1960, il poursuivit son enseignement dans le dojo du vieux Maître Seiko HIGA (du style Goju-ryu). Il fit de nombreux déplacements au Japon hors d'Okinawa pour dispenser son enseignement.
Maître Shinpo MATAYOSHI était pleinement conscient que dans le développement des arts martiaux, le succès international du Karaté-do et l'absence de véritables enseignants de Kobudo nuiraient à son développement.
En conséquence, il décida de fonder le dojo KODOKAN du nom de son père (Shin Ko, ko signifiant : lumière) afin d'initier ses disciples authentiques aux secrets du Kobudo d'Okinawa.
En 1970, Shinpo MATAYOSHI fonda l'ASSOCIATION DE KOBUDO DES RYUKYU, qui par un enseignement traditionnel fondé sur l'exercice du corps et de l'esprit permet de cultiver chez les jeunes gens, de véritables valeurs morales sur lesquelles peut se baser la société.
Deux ans après, ayant reçu l'approbation gouvernementale, l'association fut renommée la FÉDÉRATION DU KOBUDO D'OKINAWA (« All Okinawa Kobudo Renmei »).
Depuis lors, Shinpo MATAYOSHI organisa de nombreuses manifestations dont en 1976, la première grande réunion des Arts Martiaux. Il effectua également de nombreux déplacements dans diverses régions.
I1 fit aussi des démonstrations de Kobudo lors de la Cérémonie de restitution d'Okinawa au Japon à Kagoshima, lors de la fête du sport commémorant cette restitution et à la grande manifestation de Karaté organisée dans l'île de Amami Oshima.
En 1973, Shinpo MATAYOSHI entreprit un voyage en Europe, puis aux États-Unis afin de favoriser l'expansion du Kobudo dans le monde.
En outre, parmi ses nombreuses activités, on peut noter sa participation à de très nombreuses fêtes et cérémonies, dont l'inauguration de l'Exposition Internationale de la Mer, la fête commémorative de la signature du traité amical avec la Chine, la fête du reverdissement d'Okinawa, la fête de la ville de Naha et la cérémonie commémorative du 10e anniversaire de la restitution d'Okinawa au Japon.
En 1983, il envoya une délégation de Karaté et de Kobudo en tournée en Argentine, au Brésil, au Venezuela et aux États-Unis et en 1984 à Hawaii, à l'occasion de la 85e année de l'immigration.
Ces voyages avaient pour but de présenter le Karaté et le Kobudo, de développer les échanges internationaux dans le domaine des Arts martiaux et d'instaurer des relations amicales. Ces démarches remportèrent un vif succès.
10e dan de Kobudo et 10e dan de karaté, il reçut au Japon le titre rarissime de « trésor impérial vivant ».Incarnant véritablement l'âme du kobudo traditionnel d'Okinawa.
Maître Shinpo MATAYOSHI est décédé en septembre 1997 à l'âge de 77 ans.
Maître Zeineï OSHIRO
En France et en Europe, Maître Zeneï OSHIRO 8e dan de Kobudo, transmet l'enseignement traditionnel de Maître MATAYOSHI au travers de son Association : l'« ACADEMIE INTERNATIONALE DE KOBUDO D'OKINAWA ». |
LES ARMES DU KOBUDO
LA PROGRESSION dans l'étude des différentes armes est guidées par la difficulté et la dangerosité de leur maniement. Traditionnellement, les adeptes se spécialisent, en concentrant leurs efforts sur un maximum de trois armes, après s'être initiés à l'ensemble de celles-ci. La progression et les katas cités sont ceux de l'école de Maître MATAYOSHI.
Il existe à peu près une vingtaine d'armes de Kobudo. Voici la description des principales.
• Le BO (bâton long) |
• Le SAI (trident en métal) |
• Le TONFA (manche en bois des meules à riz) |
• Le NUNCHAKU (fléau en bois à 2 sections) |
• L' EIKU (rame) |
• Le SANTSETSUKON (fléau en bois à 3 sections) |
• Le NUNTI (sorte de lance) |
• Le MANJI-SAI |
• Le KAMA (faucille) |
• Le TIMBEI, le SEIRYUTO et le ROCHIN (bouclier, machette et pique) |
• La KUWA (bêche de jardinier) |
• Le SURUCHIN (corde lestée) |
• Le TEKKO (sorte de poing américain) |
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